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Revue protestante de culture
La Fraternité Spirituelle des Veilleurs, Cent ans de pratique et d'histoire
La Fraternité Spirituelle des Veilleurs, Cent ans de pratique et d'histoire
L'idée de consacrer un dossier de la revue Foi&Vie au centenaire de la Fraternité Spirituelle des Veilleurs se révèle importante et intéressante.

 

Importante parce que si les Veilleurs sont discrets, ils ne sont pas secrets. Ainsi nous avons pu réunir un certain nombre d’articles, notamment sur l’histoire de cette communauté, qui méritaient de voir le jour car il y a encore peu d’écrits sur toutes ces périodes.

 

Intéressante parce que la fondation de ce « Tiers-ordre » protestant des Veilleurs (son nom d’origine) a une spécificité : il est le seul tiers-ordre qui n’est pas adossé à une communauté monastique. En général, un tiers-ordre est une association de fidèles s’inspirant de la règle d’un ordre religieux qui est lui le premier ordre, comme le lien entre le premier tiers-ordre laïc et l’ordre des Franciscains de saint François d’Assise. Par cette absence de lien à un ordre, la fondation du « Tiers-ordre » des Veilleurs par Wilfred Monod est une démarche tout à fait protestante. « La Réforme est une théologie antimonastique : nous sommes tous prêtres, moines, dans le monde, dans nos familles, dans notre couple. C’est une suppression de cet état à part en même temps que sa généralisation », écrit Olivier Abel et nous voyons en effet que Wilfred Monod a pris au sérieux cette théologie de la Réforme : il propose à tous les protestants mais aussi à tous les chrétiens de pouvoir vivre cette vie monastique dans leur vie de tous les jours grâce à la Règle qui leur permet de rythmer leur vie quotidienne en trois moments : hebdomadaire avec l’aspect social de l’hommage du vendredi et religieux du culte du dimanche ; annuel par les rencontres, retraites et rencontres générales ; et permanent dans leur façon de vivre leur relation communautaire fraternelle par le soutien spirituel réciproque. C’est ainsi que, selon une de leurs devises, les Veilleurs essaient de « vivre la vie ordinaire de façon extraordinaire ». (...)

 

Tout cela est déployé dans ce numéro en trois parties. Malgré le centenaire, ce n’est pas l’histoire qui a été mise en premier mais le contenu qui nourrit les Veilleurs. D’abord la Règle des Veilleurs avec un commentaire de Louis Schweitzer pour en étendre toutes les harmoniques. Ensuite la roue de prière créée par Pierre Blanzat à partir d’un livre préfacé par Wilfred Monod et dont il explique les différents éléments. Notre Prieure Claude Caux nous permet de suivre la naissance de la Petite règle et d’en apprécier la profondeur de deux alinéas. Finalement, Olivier Delachaux révèle les choix que le Veillez et Priez réclame des Veilleurs et la manière concrète dont le Veilleur peut les mettre en œuvre pour s’y tenir.

 

La deuxième partie est historique. Elle commence par le duo que forment Wilfred Monod et Théodore son fils. D’abord le fondateur Wilfred Monod : Laurent Gagnebin nous fait découvrir tout ce qui l’a mené à cette fondation du « Tiers-ordre » protestant des Veilleurs. Ensuite Théodore Monod dont Nicole Vray retrace la vie en mettant en évidence son apport fondamental à ce « Tiers-ordre » dont la rédaction de la Règle des Veilleurs et vraisemblablement le Livre de prière qui reste anonyme. Les femmes ont très rapidement joué un rôle essentiel chez les Veilleurs comme nous le découvrons sous la plume de Nelly Duret (avec l’appui des sœurs de Pomeyrol) qui nous fait entrer dans la vie profonde de deux Veilleuses. L’essaimage des Veilleurs atteint vite la Suisse et Marc Balz nous y décrit ces premiers moments avec les premières Veilleures et tous leurs prolongements jusqu’à aujourd’hui. Écrits par deux de ses enfants, Pierre et Daniel Grosjean, deux textes nous permettent de découvrir Georges Grosjean dans son long prieurat de 32 ans, son ouverture et un investissement impressionnant au service de ce groupe qui devient la Fraternité Spirituelle des Veilleurs. Louis Schweitzer poursuit l’histoire de la Fraternité, du creux de la vague jusqu’à un renouveau, et en analyse les ressorts. Deux articles nous conduisent en Belgique avec Jean-Joseph Hugé qui raconte son propre parcours permettant la naissance, grâce à différents soutiens, de la Fraternité dans ce pays ; Éric Jehin et Yves Semoens en montrent la vie qui continue. En fin de cette partie historique, Nicole Caburet témoigne de sa collaboration avec les Prieurs au début du 21e siècle, l’épanouissement de la Fraternité jusqu’à la transmission du prieurat lors du centenaire.

 

La troisième partie est celle du témoignage que l’on retrouve fréquemment dans nos cahiers car nous aimons donner la parole à celles et ceux qui vivent les faits, en font l’expérience. Nous pouvons découvrir ce que nous disent trois personnes, Nadine Lavand, Pascal Sonzogni et Solène Caux-Vaissié, de la manière dont la Fraternité Spirituelle des Veilleurs avec sa Règle a influencé, modelé leur vie intérieure, leur relation à Dieu, leur pratique. Il en est de même des trois textes suivants avec la particularité que ces personnes vivent en couples de Veilleurs : Alain Cabure, Martine et Théodore Stussi. (...)

 

(Extrait du liminaire de Guy Balestier-Stengel)