Revue protestante de culture

Écologie et société

À l'heure où les grands équilibres planétaires sont mis à mal, Foi&Vie poursuit sa tâche  de décryptage des mutations, voire régressions en cours. A la croisée des expériences de terrain et des réflexions de fond, il s'agit de mettre à jour les évènements significatifs tout comme les pensées réellement novatrices. Dans une époque où tout est repeint en vert, dans un contexte où l'innovation n'est là que pour verrouiller des structures éminemment conservatrices, il s'agit aussi, de redonner simplement la parole à d'authentiques témoins. Cette rubrique prolongera le questionnement instauré ici même dès les années 1970. Il s'agit du choc entre nature et société technicienne. Ce dilemme est aussi celui d' une culture de la création (non du créationnisme !) confrontée à l'hubris prométhéenne.Tant il est vrai que le kaléidoscope de l'innovation prétend et réussit à bouleverser tous les aspects de la vie et du sens de la vie.

 

La puissance du déni

Juin 2018

La lecture du dernier ouvrage de l’historien Marc Ferro relatif à l’analyse des cas d’aveuglements collectifs dans l’histoire politique de nos sociétés dites développées apparaît riche d’enseignements et d’actualité dans notre monde en mutation accélérée. Pour notre pays, l’histoire de ces aveuglements au 20e siècle a été celle de l’été 1914 qui accouché de la première guerre industrielle avec son bilan humain effroyable, mais aussi celle du refus de nos compatriotes de croire à la venue imminente de la guerre après les accords de Munich ou encore celle de communautés juives face aux menaces de l’occupant nazi et du régime de Vichy. Ou encore, plus spectaculaires, les dénis des intellectuels occidentaux dans l’après guerre relatifs à la vraie nature du système soviétique.

 

Ces aveuglements que l’on retrouve aussi à l’étranger (1) sont fondés sur un sentiment commun à tous, à savoir à savoir celui du déni du caractère dramatique d’une situation historique ou encore le cas d’un constat qui vous met en contradiction avec vos convictions. Ils sont alors toujours accompagnés de justifications d’ordre idéologique ou politique qui fondent le déni et qui peuvent durer jusqu’à ce que la réalité devienne difficile à ignorer. A ce moment là d’ailleurs, on a souvent oublié notre aveuglement passé, tout en inventant de nouvelles justifications pour le présent. Ce sentiment est d’autant plus fort qu’il est d’abord collectif et qu’il répond à une angoisse partagée concernant l’avenir immédiat de notre pays. Ce sont bien sûr d’abord les menaces de guerre dont l’histoire sanglante du 20e siècle est riche partout dans le monde : depuis les guerres locales à basse ou haute intensité jusqu'à la guerre nucléaire mondiale entre l’Ouest et l’Est qui semble connaître un regain d’actualité avec la dissémination de l’arme nucléaire dans le monde, comme l’illustrent les défis récents de la Corée du Nord vis à vis des États-Unis.

 

Mais aujourd’hui, en plus des causes traditionnelles de déni représentées par les menaces de guerre, il existe d’autres causes tout aussi angoissantes pour chacun de nous et parmi lesquelles on peut citer la catastrophe écologique en cours, longtemps occultée par la religion du progrès qui est à l’origine d’un aveuglement profond de nos sociétés occidentales, une question que n’aborde guère Marc Ferro. En ce début du 21siècle, les esprits les plus éclairés constatent que cet aveuglement atteint son paroxysme avec l’emprise du numérique sur toute la société sans qu’en aient été évaluées les conséquences tant humaines qu’écologiques.

 

Alors qu’actuellement l’espace médiatique est submergé d’informations et d’alertes relatives à la dégradation accélérée de notre environnement tant social qu’écologique, nombreux sont les esprits du haut en bas de l’échelle sociale qui refusent de voir la réalité d’une situation sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Les comportements de déni sont particulièrement saisissants de la part des catégories de population qui sont encore restés proches de la nature du fait de leurs activités professionnelles et de loisir, ou en raison de leur lieu de vie. Le comportement habituel des agriculteurs, surtout ceux qui sont les plus engagés dans le processus de modernisation, vis à vis de la chute de la biodiversité ou de la question de la ressource en eau est là pour le prouver. Sur le terrain des loisirs de nature, le déni est encore plus spectaculaire : combien de chasseurs n’ont ils pas longtemps occulté l’impact désastreux de l’agrochimie sur les populations de petit gibier et combien de pêcheurs se sont bouchés les yeux face à la disparition des truites farios dans nos petites rivières de campagne ? Concernant la grande majorité de la population qui vit depuis longtemps en milieu urbain avec des relations seulement occasionnelles avec la nature, l’inconscience est bien évidemment explicable, sauf qu’il lui devient difficile d’ignorer aujourd’hui la gravité du désastre écologique auquel elle participe. Et lorsque le désastre est là, difficile même de parler de deuil : le sentiment dominant est alors celui du fatalisme et le désir consécutif de s’adapter à la nouvelle situation ...

 

Mais là où le déni est certainement le plus fort, c’est au sein de l’oligarchie qui ne voit pas d’avenir autre que dans la perpétuation du système technico-économique dans lequel nous vivons et que nous alimentons par notre mode de vie. Pour ceux d’entre nous qui cultivons une conscience du caractère dramatique de la situation en cours, l’aveuglement et la surdité de cette catégorie sociale sont d’autant plus forts qu’elle s’emploie depuis des années à diffuser autour d’elle une propagande destinée à rassurer le reste de la société en prétendant travailler à résoudre le problème alors qu'elle ne fait que l’aggraver. Comment selon elle échapper aux menaces multiples de désastre ? Tout simplement en accélérant le développement dans tous les domaines tant que cela est possible financièrement et techniquement ...

 

Il est certain que cet aveuglement collectif bien décrit par mon père dans un de ses derniers ouvrages (2), ne peut durer éternellement  et que bientôt l’humanité se réveillera avec des situations tragiques à affronter. Comme l’exprime clairement Lewis Mumford « la menace qui venait alors de la nature provient maintenant des mains et des esprits affairés des hommes » (3). À ce stade de l’histoire de l’humanité, la manière d’envisager l’avenir change radicalement car elle suppose chez l’homme une véritable révolution culturelle lui faisant prendre conscience de sa condition dans un monde bouleversé par ses œuvres.

 

(1) Par exemple aux États-Unis avec la chute de la Wall Street en 1929 ou en URSS suite au pacte germano soviétique de 1939.

 

(2) Bernard Charbonneau, Le feu vert, Éditions Parangon 2009, avec une préface de Daniel Cérézuelle.

 

(3) Lewis Mumford, Les transformations de l’homme (1956), Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances 2008, p.123.

 

Simon Charbonneau

 

« L’Aveuglement : une autre histoire de notre monde »

Marc Ferro

Tallandier, Texto (2018)

 

 

 

Livre : « Remplacer l’humain » de Nicholas Carr

Mai 2018

Traduit tout récemment, le livre de cet auteur américain arrive à un moment où la numérisation et sa propagande sont en passe d’envahir les moindres secteurs de notre société. Un processus en cours qui nous est imposé au nom des gains d’efficacité pour nos organisations et de confort pour les consommateurs, tout en laissant une nouvelle catégorie d’exclus sur le bord de la route. C’est sans doute pour cela qu’il n’en sera pas dit un mot dans nos grands médias.

 

Pourtant, ce livre facile à lire mais très savant en raison des références bibliographiques abondantes dont il est riche, présente d’autant plus d’intérêt qu’il est d’une actualité évidente, surtout dans la mesure où on peut facilement extrapoler ses analyses pour les années à venir, à moins que survienne un effondrement global de nos sociétés. Il faut d’abord insister sur les qualités intellectuelles de cet ouvrage qui arrive à illustrer sa thèse authentiquement humaniste avec des tas d’exemples fournis par le domaine de l’aviation, de l’automobile et des réalités médicales qui nous expliquent ce qui est aujourd’hui en train de se passer à toute vitesse, sans que nous puissions formuler une quelconque objection de conscience. Autrement dit, sans exagérer, nous assistons aujourd’hui à un processus historique de nature totalitaire visant à rendre les formes de pouvoir incompréhensibles et à imposer à tous une servitude consentie au profit d’une oligarchie toute puissante.

 

L’idée directrice qui fait tout l’intérêt de ce livre consiste à nous faire comprendre que le processus en question visant à substituer la présence et les capacités humaines par des logiciels bourrés d’algorithmes a pour conséquence une régression mentale et physiologique des hommes dans leurs activités professionnelles et d’une manière générale dans leur existence personnelle, l’intervention de ces derniers devenant inutile ou étant considérée par les concepteurs de ces systèmes comme des causes de dysfonctions. L’auteur parle à ce titre de « mythe de la substitution » laissant entendre que les automates les plus perfectionnés pourront rivaliser avec la complexité des qualités humaines capables de faire face à des situations inédites.

 

Autrement dit, par delà l’emprise actuelle du numérique, on ne fait aujourd’hui qu’assister à une généralisation des conséquences humaines engendrées très tôt par l’industrialisation galopante depuis le 19siècle, identifiée par les observateurs le plus lucides, comme une « grande mue » reposant sur une conception réductrice et handicapante de l’esprit humain. Et Nicholas Carr de citer l’exemple saisissant des communautés inuits de chasseurs capables de se repérer dans l’immensité de la banquise sans recours au GPS qui inévitablement leur fera perdre cette capacité. Il s’agit là du fameux effet prothèse nous rendant à la fois assistés pour être plus efficaces  mais aussi forcément handicapés dans nos activités quotidiennes en raison de notre perte d’autonomie. Sans compter l’absence de conscience morale qui pour l’instant caractérise la fameuse intelligence artificielle qui, tout le monde en conviendra, n’est pas non plus celle du cœur.

 

Cet excellent ouvrage qui rend hommage à l’intelligence humaine, capable de critiquer ce que notre société veut imposer à chacun de nous, se termine par une célébration du travail humain fondé sur des outils manuels qui ont la vertu de prolonger la main de l’homme sans pour autant lui échapper. Et l’auteur de se référer à un poème du dénommé Robert Frost consacré au plaisir du travail avec la faux dont le feulement est autrement suggestif que le bruit de la débroussailleuse.

 

Reste pourtant une critique à faire à Nicholas Carr : sa réflexion sur le processus en cours de dépossession de l’homme par ses œuvres ne va pas au delà d’un constat, même si elle implique obligatoirement d’en dresser un. Des questions se posent inévitablement dont une de nature politique et morale : quelle place pour l’avenir de l’humanité dans un tel système, lui même inventé par l’homme, en particulier celui de l’Occident ? Et comment expliquer un destin aussi funeste et imprévisible ? À ce dernier titre, on peut noter une carence notable dans le raisonnement critique de l’auteur, à savoir que rien n’est dit sur l’impact écologique de la diffusion mondiale des automates par l’industrie numérique. Rien n’est dit sur la raréfaction des ressources en eau et des métaux rares à l’échelle mondiale qui sont indispensables à la pérennité de cette industrie comme l’ont montré des ouvrages récents. Le fameux anthropocène signifierait alors la dégénérescence de l’humanité et finalement son élimination terrestre.

 

Moins important, on peut aussi regretter que les références bibliographiques soient purement anglo-saxones, à l’exception de l’inévitable Bruno Latour dont la réputation va au delà de notre hexagone. Il existe pourtant tout un courant culturel européen critique de la modernité qui mériterait d’être connu de notre auteur. En tous les cas, la lecture de ce livre paraît aujourd’hui plus indispensable que jamais si l'on veut contribuer à l’éveil tardif de la conscience humaine.

 

Simon Charbonneau

 

« Remplacer l’humain : critique de l’automatisation de la société »

Nicholas Carr

L’Échappée (2017)

 

Film : « Les Sentinelles » 

Avril 2018

Ouvriers en contact avec l'amiante, agriculteurs intoxiqués par le Lasso de Monsanto : une convergence de luttes s'est tissée peu à peu entre divers collectifs. Henri Pézerat, père du réalisateur, chercheur au CNRS sur les matériaux, a joué un rôle décisif. Les luttes ont duré des années soixante-dix à aujourd'hui avec au final des interdictions de produits et des procès gagnés. Les empoisonnements délibérés ne sont pas tous restés impunis. Même si — précisons le — une très faible partie des cancers professionnels sont reconnus aujourd'hui : dans la proportion de 1 sur 15, chiffre officiel. Il s'agit donc bien d'un problème énorme.

 

Le reportage est de qualité, rigoureux, démontant parfaitement les agressions contre la santé des travailleurs et ne cachant pas les  comportements de déni organisé des sociétés Monsanto, Amisol ou Eternit. La faible réactivité du corps médical, trop souvent constatée, n'est pas occultée non plus. Un plaidoyer bien construit contre la logique productiviste et  son aveuglement.

 

« Les Sentinelles »

Pierre Pézerat (novembre 2017)

 

Michel Rodes

Film : « Nul homme n'est une île »

Avril 2018

Le réalisateur entreprend un voyage à travers plusieurs régions d'Europe : Sicile, Suisse, Autriche. Il s'agit d'un documentaire qui évoque avec finesse comment des habitants tissent des liens constructifs en dehors des simples logiques du marché. Les membres de la coopérative fruitière de Sicile, les habitants des Grisons, les professionnels du bois du Vorarlberg autrichien : tous, à leur manière, cherchent à redonner vie, sens et beauté à leur territoire. Le lien entre coopérative fruitière et organisations de consommateurs du nord de l'Europe, les liens entre un savoir-faire ancestral des métiers du bois et les nouvelles exigences des constructions bioclimatiques, les liens entre maîtrise forestière et bois-énergie se développent dans des expériences de démocratie participative bien réelles qui dépassent le fonctionnement politique habituel.

 

Le film démarre sur la fresque du Palais municipal de Sienne dite Allégorie du bon et du mauvais gouvernement d'Ambrogio Lorenzetti (1339). Très vite, en filigrane, et de façon subtile, les propos des protagonistes du 21e siècle nous font participer à cette quête du bien commun, pour ces territoires, pour cette planète. Car pour poursuivre avec le poète John Donne, « chaque homme est partie du continent, partie du large ». Dominique Marchais signe là un film lumineux qui boucle  sa trilogie après Le Temps des grâces (2010) et La Ligne de partages des eaux (2014).

 

« Nul homme n'est une île » 

Dominique Marchais

 

Michel Rodes

 

 

« Landes de Bretagne, un patrimoine vivant »

Avril 2018

Tel est le titre du livre et de l'exposition. Notre-Dame des Landes est l'occasion de se pencher sur l'originalité de cette formation végétale si particulière : la lande bretonne. L'ouvrage de François de Beaulieu retrace l'histoire de la mise en valeur communautaire de ces landes. Sociologiquement, le travail collectif dans ces terres ingrates a forgé une mentalité quelque peu réfractaire aux innovations techniques venues de la capitale. L'actualité récente n'est pas « hors-sol ».

 

Ces landes ont été conquises par l'homme sur la forêt. À l'état naturel, la lande rase n'existait qu'en bord de mer. Les défrichements, l'écobuage, la mise en culture ont permis d'aboutir à ce que 33 % de la Bretagne soit couverte de landes au 18e siècle. L'ouvrage jette un regard nouveau sur les fonctions multiples de la lande : espace de culture, de pâturage, de soutrage avec les ajoncs pour la litière, espace d'extraction de la tourbe.

 

Des systèmes  sociaux complexes permettaient aux plus pauvres de tirer parti de ces espaces, voire de s'y établir. Ce bel ouvrage, très richement illustré met à la portée du simple amateur les résultats d'une vie de recherche universitaire et militante au service de ce patrimoine vivant. L'auteur est connu pour une soixantaine d'ouvrages sur la Bretagne dont un Dictionnaire de la Nature en Bretagne de 650 pages.

 

L’exposition Landes de Bretagne, un patrimoine vivant se poursuit jusqu'au 28 août 2018 à l’Écomusée du Pays de Rennes (Rennes, métro Triangle, 02 99 51 38 15).

 

Landes de Bretagne

François de Beaulieu

Locus Solus, 2017

 

À noter, du même auteur, le livre Mon Père, Hitler et moi dans lequel il retrace l'itinéraire de son père, né à Brême en 1913, pasteur contestataire proche de Dietrich Bonhöffer et envoyé dans un régiment disciplinaire. En 1945, ce pasteur décide de s'établir en France. Ses ancêtres huguenots avaient quitté Rennes 260 ans plus tôt. Editions Ouest-France, 2008.

 

Michel Rodes

 

 

 

Un film sur les « grands projets inutiles »

Février 2018

À l'heure du rapport Duron sur les projets de transports, le travail de Julien Milanési, maître de conférence en économie à Toulouse, garde toute sa pertinence. Pour Julien Milanési, deux visions du monde et par conséquent de l'intérêt général  s'affrontent : « La première pense que le développement économique passe par la  construction d'infrastructures, par une recherche permanente de la vitesse et par l'insertion des villes dans la mondialisation. Selon moi, la croissance économique  telle qu'on a pu la vivre jusqu'à présent est terminée. Penser à la transition écologique nous force à considérer le changement climatique comme une priorité majeure en termes de politiques publiques. Quand on est soucieux de l'impact environnemental, on ne peut accorder l'argent public à de tels projets.Ce sont deux voies profondément opposées  ».

 

« L'intérêt général et moi »,

DVD de Sophie Metrich et Julien Milanesi

(26 € franco à l'ordre de : « Projections », 12 impasse des Leys d'amors, 31100 Toulouse).

 

 

 

Loup, ortolan, zadiste : danger ! Le droit de vie et de mort sur la création évolue !

Janvier 2018
Dans la ZAD de Sivens (CC-Sébastien Thébault)

Pourquoi associer ici la carpe et le lapin ? Tout simplement parce que l'actualité foisonne de trouvailles juridiques ! Notre société ne renonce à rien. Tout doit être géré, contrôlé, orthonormé, y compris le droit de vie et de mort. Quelle que soit la créature ! La loi ou les arrêts de jurisprudence semblent trancher les débats. Ne disent-ils pas aussi l'embarras d'une société ?

Pinsons et ortolans

Petite victoire quand même ! Nicolas Hulot a enfin imposé la tolérance zéro après des décennies de complaisance de ses prédécesseurs. La chasse au filet, appelé matole, est terminée dans les Landes. Idem pour le bruant ortolan. On ne verra plus les chasseurs landais réclamer des dérogations concernant 30 000 ortolans et 240 000 pinsons. On n'entendra plus la voix du sénateur Jean-Louis Carrère défendre les braconniers à l'audience. Les condamnations sont tombées en Cour d'Appel de Pau le 19 octobre. La Ligue de Protection des Oiseaux, LPO, a eu le dernier mot : il était temps pour ces espèces en voie de disparition.

 

Tir de défense contre le loup

De récentes déclarations de Nicolas Hulot renforcent son arrêté du 19 Juin 2017. La loi permet le tir sur quarante canidés par an, soit 12% de la population française de loups. Même José Bové en appelle à l'abattage sélectif. Une trentaine de départements sont déjà très concernés.

 

Ébouillanter les homards vivants est interdit en Suisse

Telle est la loi du 11 janvier 2018. Il convient d'étourdir l'animal au préalable.

 

Pêche électrique en mer

Le Parlement européen s'est prononcé pour une application sans faille de la loi. Ce type de pêche est interdit depuis 1998 mais une dérogation autorisait cette pratique au nom de ... l'innovation. Belle victoire de l'association Bloom !

 

Le zadiste, espèce menacée

À l'heure où le gouvernement entend faire évacuer Notre-Dame des Landes par la force, on est en droit de s'inquiéter. On se souvient de la mort  par tir tendu de grenade du jeune naturaliste Rémi Fraisse à Sivens le 26 octobre 2014. Le 8 janvier dernier, après six mois de réflexion et en s'abritant derrière un arrêt de 62 pages, les juges d'instruction toulousains signaient un arrêt de non-lieu. Les forces de l'ordre n'avait pas failli à leur mission ni à la consigne de fermeté du ministre Bernard Cazeneuve, bien exécutée par la chaîne de commandement. Les gendarmes n'auraient  pas fait un usage disproportionné de la force. Depuis lors,  les grenades offensives ont été remplacées par un autre modèle. Le pouvoir judiciaire s'est refusé à juger le pouvoir politique. La famille fait appel devant la Cour européenne des droits de l'homme.

 

Barrage de Sivens

Son inutilité publique a été établie par le tribunal administratif en 2016 et la Commission européenne a condamné la France pour non-respect de la Directive EAU. Après ce drame, le Préfet de région a réuni toutes les acteurs économiques et les  associations de protection de la nature pour que les grands projets ne soient plus bouclés d'avance et imposés tout ficelés, sans alternative et sans concertation. Il n'est pas besoin de remonter à la philosophie antique pour dire qu'il y a deux sortes de violence : la violence physique mais aussi le mensonge Et ici, les dossiers  biaisés, élaborés  par des bureaux d'étude, juges et parties, avaient indigné les populations et semé la haine, la discorde et l'incompréhension. Le vieux système des enquêtes d'utilité publique avant expropriation apparaît plus que jamais pour ce qu'il est : un habillage juridique désuet et dérisoire.

 

Michel Rodes