Revue protestante de culture
Jacques Ellul : la jeunesse, les intuitions prophétiques
Jacques Ellul : la jeunesse, les intuitions prophétiques
Sans tambour ni trompette, l’année 2012 est quand même pour nous l’Année Jacques Ellul. Les deux premiers numéros de notre revue lui seront en grande partie consacrés.

Aujourd’hui, la pensée de Jacques Ellul est plus présente que jamais. Ses ouvrages sont réimprimés jusqu’au Japon. Plusieurs livres paraissent ce printemps sous la plume d’Olivier Abel, de Stéphane Lavignotte, de Jean-Luc Porquet, de Frédéric Rognon. Des colloques se multiplient. Et surtout, constatons que de nombreuses associations et groupes locaux de l’Association Internationale Jacques Ellul, l’AIJE, suscitent des débats et des écrits autour de la pensée radicale de Jacques Ellul.

D’autant que la crise s’aggrave et que, si les impasses sont multiples, climat, énergie, nucléaire, il apparaît à beaucoup que ce qui est en cause, plus qu’un prétendu modèle de développement, c’est bien la logique interne de la société technicienne. Autant de raisons donc de réfléchir sur les fondements de notre modèle, voir sur l’absence de fondement véritablement humain et politique de notre société. Aujourd’hui l’innovation technique ne semble freinée par aucune considération humaine. La nature, mais aussi la société sont écrasées, laminées ou absorbées. C’est le psychisme même de l’homme qui est en question. Que signifie le mot liberté dans l’univers de la politique-spectacle ?

Au-delà du primat de l’image, Frédéric Rognon, actualisant les analyses de Jacques Ellul pose en terme éthique et existentiel la question de la libération du chrétien face à la société, mais aussi et plus encore face à lui-même. Patrick Chastenet, en politologue, pose les questions de doctrine face à l’État technicien. La genèse de la pensée ellulienne apparaît mieux que jamais grâce à la publication  par Sébastien Morillon des échanges épistolaires Ellul-Charbonneau (1930-1946). Jean-Sébastien Ingrand n’hésite pas à évoquer l’itinéraire spirituel de Jacques Ellul à l’occasion de ses écrits sur Jonas... le prophète.

Michel Rodes